Le yoga est aujourd’hui très répandu dans nos sociétés occidentales. Pourtant, il est encore très souvent mal compris et interprété. Dû à sa complexité et exhaustivité en tant que pratique, et aussi dû aux adaptations qu’il a subit pour être importé chez nous.
On ne peut pas attendre de tout savoir sur le yoga pour commencer à le pratiquer, on se créé donc une connaissance au fur et à mesure de notre apprentissage de la pratique. Cet article est conçu comme une base des connaissances qui peuvent aider à appréhender la pratique du yoga.
Voici 5 choses essentielles à savoir sur la pratique du yoga :
- les origines et la dimension spirituelle du yoga
- la respiration par le nez et lien avec le mouvement
- l’adaptation et l’écoute de soi comme travail du yoga
- prendre le temps de trouver ce qui convient
- laisser sa pratique évoluer avec le temps
1. Connaitre les origines du yoga et sa dimension spirituelle
Samkhya et Yoga
On classe souvent les philosophies indiennes en 2 catégories :
- celles qui reconnaissent les Vedas (un ensemble de textes fondateurs datés de 1500-900 avant JC) et suivent leurs principes (qualifiées d’orthodoxes)
- et celles qui s’en éloignent (qualifiées de non orthodoxes) .
Parmi la 1ère catégorie, l’on compte 3 paires (philosophies qui s’entretiennent l’une et l’autre) :
- Vedanta / Mimamsa
- Nyaya / Vaisheshika
- Samkhya / Yoga
Le yoga est ainsi associé à la philosophie du Samkhya, et la compréhension de celui-ci aide donc à la compréhension du yoga. On dit parfois que le yoga est un Samkhya en pratique tandis que le Samkhya est un yoga théorique.
Voici quelques une des caractéristiques de Smakhya : dualiste, non déiste, énumératif.
Dualiste : Samkhya décrit l’univers comme étant fait de deux principes indépendant : purusha et prakriti.
Non déiste : La philosophie Samkhya explique l’univers et son fonctionnement sans la nécessité de Dieu.
Énumératif : Samkhya consiste en une suite de principes qui permettent, selon cette philosophie, d’expliquer l’univers et son fonctionnement.
Yoga Sutra de Patanjali
Passons maintenant à une histoire un peu moins ancienne du yoga (entre 200 et 500 avant JC) : les Yoga Sutras de Patanjali. Ces 195 aphorismes (sutras) proposent une séquence de 8 pratiques dont le but est la libération, appelée ici samadhi : Yama, Niyama, Asana, Pranayama, Pratyahara, Dharana, Dhyana, Samadhi. Chacune de ces pratiques préparent la précédente.
Yama et Niyama proposent des façons de se comporter avec soi et avec les autres.
Asana et Pranayama proposent des pratiques posturales et respiratoires.
Pratyhara, Dharana et Dhyana proposent des pratiques de retrait des sens, de concentration et de méditation.
Samadhi est la dernière étape et pratique de cette série de huit en même temps qu’elle en est le but. Il s’agit d’un état d’union complet entre l’observateur et l’object observé. Le yoga qualifie aussi cet état d’arrêt des fluctuations du mentale (le célèbre sutra : yoga citta vritti nirodah). Samadhi a ensuite plusieurs étapes en lui-même.
Interprétation pour la pratique du yoga moderne
Tous ces éléments nous invitent à considérer le yoga comme un ensemble de pratiques permettant de nous réaliser à un niveau supérieur.
Ces pratiques sont des des observances, des pratiques postures, respiratoires et de méditation. Elle sont construites de manière séquentielle afin de nous accompagner progressivement dans la pratique.
On peut ainsi considérer les postures comme une manière de préparer le corps à pouvoir rester immobile avec le moins d’inconfort possible afin de pouvoir méditer.
Les postures sont aussi déjà une méditation et un travail du souffle, en mouvement. Elles sont aussi une façon de se comporter avec soi-même.
Influence de l’Occident sur le Yoga
Le yoga que nous pratiquons aujourd’hui est le résultat de ces origines dans les philosophies indiennes du yoga et du samkhya et de leur évolution très rapide en lien avec l’influence de l’Occident, en Inde et à l’étranger.
Cette première phase d’évolution se fait avec la colonisation de l’Inde par l’Empire britannique puis par la diffusion du yoga à travers l’Occident.
Le yoga est aujourd’hui également instrumentalisé par le nationalisme hindou et devient un outil du soft power indien.
Il vient aussi se confronter avec toute une culture “new age” et le développement de l’intérêt en occident pour les pratiques ancestrales et par la recherche de spiritualité au delà de la religion.
Si tous ces éléments nous donnent une base de compréhension pour nourrir nos réflexions, nous n’avons pas besoin de tout comprendre et d’adhérer à tout pour pratiquer le yoga. Le plus important est que cette pratique serve notre bien-être.
2. La respiration : travail principal de la pratique
Certains mouvements pratiqués dans le yoga peuvent ressembler à une forme de gymnastique ou à d’autres pratiques comme le pilates. La différence principales dans cet aspect postural va être le lien constant et primordial entre respiration et mouvement. On utilise en effet le mouvement comme guide pour le mouvement du corps.
Le mouvement est ainsi secondaire, la respiration définit le mouvement.
La dimension respiratoire du yoga est celle qui a le plus d’impact sur notre psyché et qui fait ainsi du yoga un outil de transformation et d’épanouissement.
Cela est principalement dû au fait que la respiration est un mécanisme qui est à la fois autonome et volontaire : ce que nous vivons influence notre respiration et notre respiration influence ce que nous ressentons.
Ainsi, des états de stress, d’agitation et de colère sont souvent associes a une respiration raccourcie, moins profonde et thoracique. Au contraire, des états de détente, d’apaisement et de paix sont associes a une respiration allongée, profonde et abdominale.
Notre respiration reflète notre état émotionnel et comme nous pouvons contrôler notre respiration, nous pouvons ainsi agir en sens inverse et moduler la façon dont nous ressentons les choses en utilisant notre respiration pour apaiser notre esprit.
La respiration fait aussi lieu d’objet de concentration, dans me mouvement et dans l’immobilité. Car elle est tout le temps présente, nous sommes invites a la considérer comme une amie, a nos cotes, quoi qu’il arrive.
3. La pratique s’adapte à chacun et permet d’apprendre sur soi
Nous avons vu que le cadre théorique du yoga est très large, il y a donc de nombreuses possibilités de l’interpréter : autant de liberté dans la façon dont nous voulons vivre le yoga.
“Ce n'est pas la personne qui doit s'adapter au Yoga, mais le Yoga qui doit s'adapter à la personne”. Sri T Krishnamacharya
Le yoga nous invite a observer ce que notre corps et notre esprit peuvent faire, a nous observer avec compassion, afin d’avancer dans l’acceptation de soi, et des autres.
Nous apprenons nos limites, nos spécificités, nos mécanismes.
Les fondements philosophiques du yoga en font un idéal quasiment impossible à atteindre : comment être un yogi dans ce monde ?
À commencer par les postures, toutes ne sont pas accessibles à tous les corps dans la variation qui nous en est présentée. Nous pouvons alors réinterpréter chacune des postures avec notre corps et ainsi nous redécouvrir à travers la pratique. Nos professeurs nous invitent à voir ce qui est possible a cet instant dans la posture, à accepter nos limites et a pratiquer avec humilité, en limitant nos impulsions de compétition et de comparaison.
4. Chacun peut trouver un intérêt différent dans le yoga
Une des grandes beautés de la pratique du yoga est que chacun peut y trouver quelque chose de different, selon qui il est a ce moment de la vie.
Certains seront attirés par la dimension physique, d’autres par sa dimension purement spirituelle. Une grande et subtile palette existe entre ces deux extrêmes.
5. Notre pratique du yoga évolue dans le temps
Et ce que nous recherchons dans le yoga peut évoluer au cours de notre vie : observer notre pratique changer avec le temps, avec la personne que nous devenons est une des grandes leçons du yoga.
Cette diversité et évolution se retrouve chez les pratiquants et donc chez les professeurs.
Une vision grossière mais drôle de l’évolution des interêts d’un pratiquant du yoga pourrait être la suivante : le pratiquent commencera par l’ashtanga, attire par l’athlétisme et le dynamisme de la pratique. Puis lassé par la répétitivité des séries de l’ashtanga, il se tournera vers le vinyasa pour doucement transitionner vers hatha au fur et à mesure que son envie de ralentir grandira. Avec le temps, le pratiquant se tournera vers l’Iyengar ou il appréciera la précision de l’alignement et les vertus thérapeutiques de la pratique posturale.
Vous l’aurez compris, le cheminement de chacun dans le yoga est différent et change avec le temps, au gré de ce que nous vivons et de qui nous devenons. La pratique est donc un compagnon avec qui nous marchons sur les chemins de la vie.
1 commentaire
J’aime beaucoup cet article, il est complet, accessible et sans jugements. 🙌